Du message nociceptif aux facteurs d’influence
A quoi sert la douleur ?
Lorsque vous posez votre main sur une plaque brûlante, votre premier réflexe est de la retirer : c’est grâce au circuit de la douleur.
Si la douleur est désagréable, elle a pourtant un rôle primordial pour nous. Elle permet de préserver l’intégrité de notre corps. Elle nous informe, ou plutôt informe notre cerveau, sur les lésions, maladies ou dysfonctionnements de notre organisme. Ce signal d’alarme est nécessaire, vital pour notre protection.
Nous comprenons l’utilité de cette douleur, mais comment fonctionne-t-elle ?
Il ne faut pas confondre douleur et nociception. En effet la douleur est la réponse de notre cerveau à l’information qui lui arrive du corps. Cette information, appelée la nociception, sera ensuite interprétée, modulée, traitée par le cerveau pour devenir la « douleur » que nous connaissons tous.
Comment cette information arrive-t-elle jusqu’à notre cerveau ?
Dans un premier temps, elle est captée par des récepteurs qui sont sensibles à la pression (rupture de la peau, coup), à la température (supérieure à 45° et inférieure à 10°) et aux agents chimiques (acide, piment). Ce message nociceptif va ensuite cheminer le long des neurones et à travers la moelle épinière pour gagner le cerveau.
Que se passe-t-il au niveau du cerveau ?
Le traitement de ce message nociceptif venant du corps est différent pour chaque personne. Il est modulé par de nombreux facteurs. Par conséquent une même douleur peut être ressentie différemment par deux personnes ou par la même personne à des moments distincts. Avez-vous remarqué par exemple comme les douleurs nocturnes nous paraissent plus intenses ?
Le contexte de survenue de la douleur est un des facteurs de modulation important. C’est ce qu’a mis en évidence en 1956 Henry Beecher, anesthésiste, en comparant les données de 150 soldats américains blessés pendant la seconde guerre mondiale et de 150 civils opérés présentant les mêmes lésions tissulaires. 32% des militaires ressentaient le besoin d’antalgique contre 83% des civils. Selon H. Beecher, cette différence significative s’expliquerait par le contexte de la blessure. La signification de la douleur est très différente pour les deux groupes. Pour les soldats, la blessure fait partie de leur métier, elle est honorable, elle signifie la fin du combat, le retour à la maison et leur rappelle qu’ils sont vivants, blessés mais vivants. Pour les civils, qui n’ont pas été préparés à cela, la douleur n’a pas le même sens. Elle est souvent incomprise, vécue comme injuste, et signifie un changement de vie, de travail et d’habitudes.
L’humeur va aussi moduler la sensation douloureuse, on parle alors de facteurs psychologiques. Une personne dans un état dépressif verra sa douleur majorée, alors qu’une personne optimiste et positive ressentira une douleur moindre.
Les facteurs culturels viennent également influencer cette douleur. Avez-vous remarqué la différence de réaction des parents vis-à-vis de leur enfant, selon qu’il s’agit d’une fille ou d’un garçon ? Par exemple, lors d’une chute : dans un cas ils s’inquiètent et viennent consoler leur enfant, alors que dans l’autre ils l’incitent à se relever et à ne pas pleurer.
Les facteurs religieux ou spirituels peuvent influencer la perception que les personnes ont de la douleur. En effet les religions ont leur propre vision de la douleur. Elle peut être vécue comme une épreuve, une punition, ou encore un passage obligatoire. Que l’on soit croyant ou non, nos sociétés étant imprégnées de ces modèles religieux, ces facteurs nous concernent tous.
Les facteurs familiaux ont également une importance fondamentale. Une douleur est de fait mieux vécue lorsque nous sommes entourés, aimés, soutenus et compris.
De nombreux paramètres, et cette liste n’est pas exhaustive, viennent donc moduler la douleur.
Que devons nous retenir ?
La douleur est une expérience personnelle, physiologique et protectrice.
Le message nociceptif est une information que reçoit le cerveau parmi les 40 000 qui lui parviennent chaque seconde.
S’il est difficile d’influer sur le message nociceptif reçu, il est en revanche possible de travailler sur ces différents facteurs influençant la douleur.